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La croix d'Estiallet
1, 2, 3, 4, 5, 6 saints !
Montbrison
Collégiale Notre-Dame d'Espérance
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Mais qu’est-ce que fait donc cette grosse croix à côté du maître autel de la collégiale Notre-Dame à Montbrison ?
Vous êtes nombreux à nous poser la question en visite guidée.
“Seigneur, délivre-nous de la peste, de la famine et de la guerre !”
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> Les croix de peste, quesako ?
La croix est la représentation sacrée de la souffrance : elle sert d’intercession entre les chrétiens et Dieu. On trouve
fréquemment des croix monumentales érigées aux carrefours de routes, à l’entrée ou dans les hameaux. Elles pouvaient
être financées par les habitants, par des bienfaiteurs fortunés, des nobles ou des ecclésiastiques. On les
élevait pour commémorer des évènements où Dieu serait intervenu, pour solliciter la protection divine (lors
d’épidémies, de guerre, de famine...) ou pour remercier Dieu pour un vœu exaucé (pour la protection, la guérison, le retour sauf
de guerre...).
La peste a fortement marqué l’Europe du Moyen-âge au début du XVIIIème siècle puisqu’elle a fait des ravages, particulièrement la
peste noire de 1347 (25 millions de morts en Europe) et la peste de 1628 (1 million de morts en France), sans compter
des épisodes entretemps de fièvres contagieuses qui étaient aussi nommées pestes. La population a donc élevé de
nombreuses croix pendant ces périodes difficiles, pour demander à Dieu de les épargner, ou le remercier de l’avoir fait. Ces
croix de peste étaient parfois décorées de sculptures ; ainsi, les croix à bubons ou “argnats”, ces
petites boules rappelant les furoncles des pestiférés (comme à Marols), et également des statuettes de saints protecteurs, souvent
Saint Roch, le patron des pestiférés.
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> L'histoire de la croix d'Estiallet
Cette croix de peste en grès était placée dans le hameau d’Estiallet, sur la rive du Vizézy, à l’ouest de Montbrison.
Elle aurait été élevée en 1628, pour implorer la fin de la peste qui sévit à Montbrison de 1626 à 1630.
Elle est restaurée en 1820 par la famille Duché. Afin d’être mise à l’abri, elle est déplacée à la Diana dans le courant
du XXème siècle. En 1980, on décide de l’installer dans le chœur de la collégiale. Le croisillon est remplacé par
Louis Bernard, sur le modèle d’autres croisillons foréziens : un Christ en croix sur la face avant, une vierge à l’enfant sur la
face arrière.
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> Description
Sur le fut de la colonne, sont sculptés en haut-relief 6 personnages : ce sont des Saints chrétiens. Chaque Saint est
reconnaissable grâce à un objet, et est le protecteur d’une ou plusieurs communautés. Etonnamment, aucun de
ces 6 saints n’est traditionnellement invoqué lors de maladies contagieuses comme Saint Roch ou Saint Sébastien. Il
reste quelques traces des couleurs d’origine.
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Nous vous présentons donc, de gauche à droite et de haut en bas :
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Saint Jean-Baptiste : il était le cousin de Jésus-Christ, et a prophétisé sa venue comme
Messie. Il instigué le baptême, la purification par l’eau, un rite qui sera poursuivi par les chrétiens. Il
vivait seul dans le désert, et est reconnaissable grâce à la peau de bête dont il est vêtu. C’est le patron des
aubergistes et des couturiers.
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Saint Laurent : il était diacre à Rome au IIIème siècle. Il fut tué pour avoir donné les biens de l’Eglise aux
pauvres, alors que le préfet de Rome lui avait ordonné de les lui apporter. Il est reconnaissable grâce au gril qu’il
tient : il est mort sur un gril posé sur des charbons ardents. C’est le patron des pauvres, des pompiers et des
cuisiniers.
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Sainte Catherine d’Alexandrie : au IVème siècle, cette princesse a réussi à convertir 50 philosophes
au christianisme. Elle fut torturée sur une roue et décapitée pour n’avoir pas renoncé à sa foi et refusé d’épouser
l’empereur. Elle est reconnaissable à l’épée de décapitation ainsi qu’à la roue. C’est la patronne des
philosophes et des nourrices.
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Sainte Barbe : au IIIème siècle, elle avait été enfermée par son père dans une haute tour, pour la
punir d’avoir choisi de se consacrer à Dieu plutôt que se marier, et pour que personne ne puisse la voir tant elle était
belle. Elle est reconnaissable à la tour qu’elle porte. C’est la patronne des pompiers, des armuriers et des
mineurs.
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Ce personnage est plus difficile à identifier. L’hypothèse la plus admise actuellement est qu’il pourrait s’agir
de : Sainte Marie-Madeleine : elle est la première à découvrir le Christ ressuscité. Elle venait couvrir
son corps d’huile parfumée. Elle est reconnaissable habituellement au crâne humain qu’elle porte (est-ce ceci sur la
sculpture ?). C’est la patronne des jardiniers, des prostituées repenties et des parfumeurs. Ce
pourrait être aussi Sainte Véronique, dont l’attribut est un tissu avec le visage du Christ imprimé. Mystère...
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Saint Pierre l’Apôtre : il fut le premier évêque de Rome, et en tant que premier représentant
du Christ, il amorça la christianisation. C’est lui qui détient les clefs du Royaume des Cieux,
l’Eglise. Il est reconnaissable aux clefs qu’il tient. C’est le patron des cordonniers, des serruriers et des
pêcheurs.
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Découvrez la Croix d'Estiallet au coeur de la collégiale lors des visites :
MONTBRISON CAPITALE DES COMTES DE FOREZ
> Mardis 21, 28 juillet ; 4, 11, 18, 25 août ; 1er et 8 septembre à 14h30
Tarifs : 6€, 5€ tarif réduit, grat. - 12 ans
MESURES SANITAIRES OBLIGATOIRES :
- inscription et règlement obligatoire 24h avant
- jauge limitée
- port du masque obligatoire (dès 11 ans)
- respect de la distanciation physique
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Sources documentaires :
BAROU, Joseph. Délivrez-nous de la peste !, La Gazette, 22 décembre 2006.
BERNARD, Louis. Les croix monumentales du Forez. Saint-Etienne : Conseil Général de la Loire,
1971
LATTA, Claude. Histoire de Montbrison. Lyon : Horvath, 2e éd., 1994.
SARRY, Alain. Les croix monumentales de Montbrison et de Moingt, Cahier de Villages de
Forez, 2004.
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